Ce phénomène de queue qui tombe et qui repousse s’appelle l’autotomie. Ce réflexe de défense s’observe chez la majorité des lézards. Face à un prédateur, le reptile se sectionne lui-même la queue au lieu de perdre la vie.
Un sacrifice prémédité
Ce sacrifice d’organe est possible grâce à la présence de fêlures dans certaines vertèbres. De plus, les muscles du lézard sont disposés en cônes emboîtés les uns dans les autres. Ainsi, quand un prédateur saisit la queue de l’animal, ses muscles se contractent et les cônes se séparent nettement, ce qui a pour effet de briser la colonne vertébrale.
Après s’être détachée, la queue continue de s’agiter sur le sol. Le prédateur, captivé par ce mouvement, en oublie l’autre morceau de sa proie : le lézard en profite pour s’enfuir, tout en limitant les dégâts grâce à des vaisseaux sanguins munis de sphincters contractiles qui évitent les pertes de sang.
Une queue neuve. . . mais différente
Puis la “reconstruction” commence. Une nouvelle queue repousse à partir de l’emplacement où la première s’est détachée. Mais, elle n’est pas identique à la première : un tube cartilagineux remplace les vertèbres et les nouveaux vaisseaux sanguins de la queue ne présentent pas de sphincters. Elle est parfois plus courte et plus pâle. Si c’est nécessaire, elle pourra être à nouveau brisée mais seulement dans la vieille partie, c’est-à-dire dans les vertèbres.
Des cellules qui régressent pour réparer
Si la queue repousse, c’est grâce à des cellules capables de proliférer et de se différencier pour donner naissance aux tissus de la nouvelle queue. Il semblerait que les cellules à proximité de la zone lésée, notamment les fibres musculaires, se dé-différencient pour former un “bourgeon” régénératif.
Des chercheurs californiens ont découvert, en 2004, la molécule responsable de ce phénomène, la myosiverine. Elle est produite dès la perte de l’organe, et agit sur les cellules musculaires adultes. Sous son effet, ces dernières régressent : elles deviennent des myoblastes, les cellules souches des muscles. Celles-ci prolifèrent alors et régénèrent l’organe perdu. La molécule miracle permettrait également d’activer la fabrication des nombreuses protéines utiles à la cicatrisation.
Le lézard n’est pas le seul à se régénérer. Certains poissons, comme le poisson zèbre, peuvent efficacement réparer des nageoires largement amputées. Chez les invertébrés (crustacés, insectes, mollusques, vers…), la capacité de régénérer des parties du corps est aussi très fréquente.